Soldat prussien 1835-1848À la fin du 18e siècle, de nombreux mercenaires allemands furent recrutés et envoyés en Amérique mater les 13 Colonies de la côte qui s'étaient soulevées contre l'Angleterre, leur mère patrie. Les révolutionnaires menaçaient les autres colonies du nord (le Québec) et les voies de commerce. En tout, près de 30 000 soldats allemands ont été mobilisés outre-Atlantique pour combattre les autonomistes américains aux côtés des Anglais (des Royalistes, des Canadiens et des Amérindiens). Des quelques 10 000 hommes de troupe, cantonnés au Québec entre 1776 et 1783, environ 1 200 se seraient installés. Au cours de cette campagne, ils réussirent à repousser l'envahisseur américain de la vallée du Saint-Laurent et du lac Champlain ainsi qu'à protéger le territoire.

Les travaux de Wilhelmy (1982, 1984, 1988 et 1997) sur les mercenaires allemands sont bien documentés et reconnus par les historiens (Vaugeois, 1988 ). Il ont aussi alimenté des journalistes (Racine, 1989).

Il y est fait mention que le patronyme BESRÉ proviendrait, comme plusieurs autres noms québécois d'ailleurs, de la transformation d'un patronyme allemand. De sa liste des mercenaires qui se sont installés au Québec (Wilhelmy,1997, p.205-230) on peut relever trois BESSERER. Ils sont prénommés Freidrich, Ludwig, présumés soldats et, Théodore le médecin. Pierre-George Roy (1917) décrit le médecin en ces termes:

"Chirurgien dans un des bataillons allemands venus au Canada en 1776 sous les ordres du baron de Riedesel, une fois la paix conclue, il obtint son congé et s'établit comme médecin au Château-Richer, où il avait été en garnison avec son régiment, puis à la Sainte-Famille de l'île d'Orléans, où il resta jusqu'à sa mort." (p.30)

L'illustre historien (Roy, 1917) ajoute que dans l'acte de sépulture du deuxième fils du médecin, mort en bas âge, il est dit:

"...qu"il est le fils du sr Jean-Théodore Besrer, docteur dans le régiment du prince Brunswick."(p31)

 

Voilà d'où vient l'idée véhiculée par Wilhelmy (1984).

"Recrutés un peu partout à travers l'Allemagne, l'Europe et même au-delà lorsque les nouvelles recrues se font de plus en plus rares, ils nous laissent des noms aussi différents que leurs provenances. Difficiles à prononcer, certains se métamorphosent et les Koch deviennent Caux, les Besserer - Besré, les Maher - Maheu, les Loeder-Laître/Lettre, les Beyer - Payeur, les Pfeiffer - Fiffre, les Schumpff - Jomphe."(p.198)

Elle suggère une transformation de BESSERER à BESRÉ. L'analyse de Wilhelmy sur l'évolution des patronymes de l'allemand au français d'Amérique s'appuie généralement sur la traduction, sur la similitude phonétique ou sur la francisation du nom. La conversion du nom BESSERER en BESRÉ tiendrait simplement quant à lui, à sa difficulté de prononciation. Delà son évolution orthographique de BESSERER à Besrer, puis à BESRÉ. Cette explication de la métamorphose du patronyme, bien qu'apparemment possible, ne s'appuie sur aucune filiation. Elle tient malheureusement plus d'une modification présumée et de la méprise phonétique que de la réalité. Sans doute BESSERER s'est transformé mais sûrement pas en BESRÉ, pas au Québec du moins et ailleurs les Besrer sont rarissimes.

Selon le livret de famille, notre généalogie remonterait jusqu'à Olivier né à Saint-Jouan-des-Guérets près de Saint-Malo, vers 1870. Des trois fils d'Olivier, deux émigrèrent en Amérique vers 1920 tandis que l'autre (Maurice) demeura à Saint-Jouan. Charles s'installa à New-York et Adolphe à Sherbrooke. Ainsi, les descendants d'Olivier se rencontrent, aujourd'hui, aussi bien en France qu'au Québec.

De plus, les actes civils (non dépouillés) de la commune de Saint-Jouan (Ille et Vilaine) font état de BESRÉ jusque vers 1709. Dans la commune attenante (Plouër-sur-Rance en Côtes-d'Armor) la branche Sévéric, probablement différente, remonte à 1822 et tire son origine de la modification du patronyme BERRÉ. C'est aussi en Bretagne que l'on retrouve le plus grand nombre de descendants vivants et d'actes civils des familles BERRÉ, BERRE, BERRÉE, BÉRÉE, BEREE, BERÉE, BEREST, BESRÉE, BESRET et BESREST. Nous n'avons pas trouvé, à date, de Besrer. Selon nos recherches, il n'y a pas d'autres familles BESRÉ connues en Amérique ni ailleurs en Europe. Il n'y a pas de doute le noeud est en Armorique.

D'autre part, la prononciation bretonne du patronyme BESRÉ laisse le s muet. La branche française d'Olivier de Saint-Jouan et celle de Sévéric de Plouër le dise sans le s. Il n'y a que la branche québécoise de la famille de Saint-Jouan qui utilise la prononciation sifflée et ce depuis peu. Il s'agit sans doute de l'influence de la pronociation des contremaîtres anglais des usines de textile où était employé Adolphe, à Montréal puis à Sherbrooke, dans les années 1920-1930.

Des données récentes provenant du dépouillement des actes civils (mariages) dans les archives de Saint-Jouan (aimablement transmises par Violaine Sinay) montrent une filiation continue d'Olivier Marie Jean Besré, à Charles Marie Beré, à Jean Pierre Beré, à Pierre Joseph Berré, à Jean Berest et à Jacques Be...? vers 1709.

Ainsi, les BESRÉ ne seraient pas les descendants des militaires allemands nommés BESSERER comme le soutient Wilhelmy (1997) mais plutôt des Bretons de la région de Saint-Malo - Dinan dont le nom proviendrait probablement d'un patronyme analogue. Les recherches ultérieures le préciserons.

Bibliographie
  • RACINE, B. 1989 L'historien Denis Vaugeois ne croît pas à la disparition de la société canadienne-française, Le Devoir, 25 février, p.A-7.
  • ROY, P.-G. 1917 Les Besserer de la province de Québec, Bulletin des recherches historiques, vol. 23, no.1, p.30-31.
  • VAUGEOIS, D. 1988 Le Québec, un creuset méconnu, Mémoires de la société généalogique canadienne-française, vol.39, no.4, p.277-290.
  • WILHELMY, J.-P. 1997 Les mercenaires allemands au Québec 1776-1783, Les éditions du Septentrion, nouv. édit, Sillery, Canada, 266p.
  • WILHELMY, J.-P. 1988 Notre héritage allemand, Mémoires de la société généalogique canadienne-française, vol. 39, no. 4, p.271-276.
  • WILHELMY, J.-P. 1984 Les mercenaires allemands au Québec du XVIIIe siècle et leur apport à la population, édit. Maison des Mots, Beloeil, Canada, 331p.
  • WILHELMY, J.-P. 1982 Christian-Ernst-D. Wilhelmi, Les mercenaires allemands au Québec du XVIIIe siècle et leur apport à la population, Mémoires de la société généalogique canadienne-française, vol. 33, no. 4, p.275-288.
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